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J'ai bien peur.
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7 février 2009

Page 4 : Là où se rencontrent les vies.

Je me réveillais soudainement, reprenant le contrôle sur moi-même. Il faisait nuit  et elle était assise comme quand je l’avais vue pour la première fois. Une seringue vidée était délicatement posée à côté de moi. Je me levais, me soutenant sur mes deux coudes et je demandais :
« Que s’est-il passé ? Combien de temps ais-je dormi ? »
Elle se retourna vers moi, désigna la seringue du doigt et déclara calmement :
« Morphine. Au moins, tu étais hors d’état de nuire. Tu as dormi 4 heures. Il fait nuit et les passants rient. Beau changement par rapport au jour, ça me manquera sûrement. J’ai essayé pendant que tu dormais, pour que tu ne te rendes compte de rien, j’ai essayé mais je n’ai pas trouvé le courage. Il faut croire que je ne l’ai que quand tu es près de moi et conscient.
- Qui es-tu ? Comment as-tu tout ça ? Avais-tu déjà tout prévu ?
- J’étais un chat sauvage, miaulant dans la nuit. Le genre de filles faciles, qui ne sont là que pour dormir dans des lits différents chaque soir. J’ai presque cru avoir le contrôle sur tous ces hommes mais je n’étais qu’une fille de passage à chaque fois. Je leur inventais des sentiments, histoire de me donner une raison d’être avec eux, histoire de me persuader que la victime dans l’histoire, c’était eux. Mais je n’étais qu’une fille de joie, buvant un peu trop, sans avenir et n’ayant rien à faire de ces soirs. Je n’ai rien prévu, je ne savais pas qu’un jour, quelqu’un se rendrait compte qu’il y avait une perdue sur un toit. La morphine ne t’était pas destinée au départ.
- Alors pourquoi tu en avais ?
- Je suis addict’ à la morphine, tout simplement. J’ai toujours cru que ça anesthésierait mes peines de cœur, mon manque d’amour propre. Je me suis simplement trompée. Mais en attendant, j’aimais ça. Ca me faisait tout oublier. »
Ses paroles m’avaient confirmé qu’elle était sur la fin. Je savais, je voyais aux vestiges du passé qui restaient sur son visage qu’elle était quelqu’un de fier et qu’elle n’aurait jamais raconté tout ça si elle avait encore quelque chose à vivre. Je savais que la nuit l’encouragerait, ainsi que ma présence. Je savais tout autant que c’était mieux pour elle, pour cette inconnue dont je ne connaissais même pas le prénom, cette inconnue qui avait souffert d’un mal dont je n’avais pas idée. Pour cette blanche colombe, qui voulait retrouver le chemin de la Liberté. Aujourd’hui encore, je pense à elle, je me dis qu’elle était l’élément qui manquait dans ma vie et qui m’a donné une raison de vivre. Ce souvenir est gravé en moi, je me rappelle des lampadaires projetant des lumières sur les trottoirs vides de la rue. Comme si tout le monde avait déserté Paris, pour la laisser se libérer en paix. Je me rappelle de son regard dur et décidé, de son visage qui s’était transformé pour redevenir celui qu’il était il n’y a pas si longtemps, je me rappelle de l’ange que j’ai vu prendre son envol. De son véritable sourire qu’elle m’a adressé, quand se tenant debout, elle s’envola pour rejoindre sa mère, la Liberté. Je me souviens de son bonheur quand elle comprit que sa mère la reprenait en son sein, et je crois bien que je le ressens toujours autant.

THE END.

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